- bigarrer
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• 1530; de bigarré♦ Marquer de couleurs qui tranchent l'une sur l'autre. ⇒ chamarrer. « les pampres, tamisant le soleil, bigarraient d'ombre et de clair sa charmante figure » (Gautier). ⊗ CONTR. Harmoniser.Synonymes :- barioler- diaprer- jasperContraires :- unifierbigarrerv. tr.d1./d Assembler des couleurs qui tranchent.d2./d Fig. Produire un ensemble disparate.⇒BIGARRER, verbe trans.A.— [Le compl. désigne un inanimé concr., ou l'apparence physique d'une pers.] Bigarrer qqn, qqc. (de qqc.). Marquer de couleurs, de tons différents qui tranchent ou se heurtent par leur disparate. Synon. barioler :• 1. ... le toit varié des forêts que bigarrent le vert naissant du printemps, la pourpre et l'or de l'automne, le bronze mat et le violet terne des feuilles crispées de l'hiver.NODIER, Smarra, 1821, p. 44.B.— P. ext., au fig. Entremêler; rendre disparate :• 2. ... il me paraît de mauvais goût que le titre d'un livre de cette espèce soit bigarré de latin, de français et d'italien.GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 55.Rem. On rencontre un emploi pronom. chez SAINTE-BEUVE. Portraits littéraires, t. 2, 1844-64, p. 471.PRONONC. :[
].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1450 adj. bigarré « de plusieurs couleurs » (Miroir dames, éd. A. Piaget, 147); 2. 1530 verbe bigarrer « diversifier par des couleurs qui tranchent les unes sur les autres » (PALSGR., p. 482).Orig. obsc. Prob. comp., à l'aide du préf. bi(s) « deux fois », du m. fr. garre « de deux couleurs », attesté dep. 1360 (Inv. du duc d'Anjou, n° 533 dans GDF. : levrier garre) et lui-même d'orig. inc. (FEW t. 4, s.v. garr-; BL.-W.5; DAUZAT 1968). Un empr., par l'intermédiaire de l'esp. abigarrar, à l'arawak de Haïti bija « teinture rouge » (G. Friederici dans Z. fr. Spr. Lit., t. 56, pp. 33-34) est peu vraisemblable. La dérivation à partir de l'esp. bígar(r)o « coquillage de la côte cantabrique » (EWFS2) ou du langued. bigar « frelon » (L. Sainéan dans R. Et. rab., t. 10, pp. 264-271 et Z. rom. Philol., t. 30, pp. 558-559, H. Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 11, pp. 500-501) fait difficulté du point de vue sém. et chronologique.STAT. — Fréq. abs. littér. :5.BBG. — BRÜCH. (J.). Zu Meyer-Lübkes etymologischem Wörterbuch. Z. rom. Philol. 1920, t. 40, pp. 644-645. — FRIEDERICI (G.). Die Herkunft einiger überseeischen Lehnwörter im Französischen. Z. fr. Spr. Lit. 1932, t. 56, p. 34. — REICHENBERGER (K.). Die Bezeichnung der Schürze in Italien und Frankreich. Vox rom. 1957, t. 16, p. 53. — RUPP. 1915, p. 104. — SAINÉAN (L.). Notes d'étymol. rom. Z. rom. Philol. 1906, t. 30, pp. 558-559. — SAINÉAN (L.). Rabelaesiana. R. des ét. rabelaisiennes. 1912, t. 10, pp. 264-271. — SCHUCHARDT (H.). Romano-baskisches. Z. rom. Philol. 1887, t. 11, pp. 500-501.bigarrer [bigaʀe] v. tr.ÉTYM. 1530; de bigarré.❖1 Marquer (qqn ou qqch.) de couleurs qui tranchent l'une sur l'autre. || Bigarrer une toile. ⇒ Barioler, (vx) billebarrer, chamarrer, colorer, jasper, marqueter, (vx) nuer.1 (…) la tonnelle, dont les pampres, tamisant le soleil, bigarraient d'ombre et de clair sa charmante figure.Th. Gautier, le Roman de la momie, II.♦ Par ext. Former comme une bigarrure sur (qqch.).2 Des plaques de nuages violacés bigarraient le ciel.2 Modifier (qqch.) en ajoutant de nombreux éléments hétérogènes; rendre bigarré (2.). ⇒ Diversifier, nuancer, parsemer, varier. || Bigarrer un discours de citations en plusieurs langues.3 Ont-ils pu démêler toutes les nuances qui bigarrent la vie commune ?Voltaire, Lettre au roi de Prusse, 79.4 Sans bigarrer son discours de quelque plaisanterie hors de place.Vauvenargues, Batylle.❖CONTR. Harmoniser, unifier, uniformiser.DÉR. Bigarreau, bigarrure.HOM. Bigarré.
Encyclopédie Universelle. 2012.